I N S T A L L A T I O N E T C O M P A R A T I F
TTArtisan 28mm f-5.6 & Leica 35mm f-3.5 sur Fujifilm GFX 50s (moyen format)...
Nul doute que pour être discrets, ces deux objectifs ne pêchent pas d’orgueil côté taille, encore moins, lorsqu'ils sont accouplés à un moyen format de type GFX 50s, et, encore moins sur un 50r Fujifilm équipé d'une visée déportée sur la gauche.
Originellement conçues pour couvrir le champ des pellicules 24x36, nos deux optiques TTArtisan et Leica bénéficient, une fois montées, d'une réduction de 1,27x la distance focale nominale nécessaire théoriquement au bon fonctionnement du GFX.
Afin de bien comprendre la situation physique, rappelons que les capteurs des appareils moyens formats digitaux modernes avoisinent un format, "arrondi", de 44x33mm (Fujifilm, Hasselblad, Phase One, Pentax 645, Leica S...).
De son côté, le "full frame" (FF) 24x36 offre une distance focale équivalente à une diagonale (rapport à l'hypoténuse), d'un diamètre de 43,27mm, nettement inférieur aux valeurs affichées par un GFX 50s, qui est doté, de son côté, d'un capteur de 43,8x32,9mm, pour une diagonale de 54,8mm...
Du point de vue théorique, en terme d'avantage, le facteur de gain (au plan de la focale / diagonale) est de 1,27x en faveur du moyen format. Notons par ailleurs que la surface sensible offre également un gain appréciable de pixels, de l'ordre de 1,67 fois, face au FF.
Pour clore, à titre de comparaison, un moyen format argentique de type 645 (6x4,5mm) possède, en "standard", une focale théorique de 75mm, alors que les 6x6 montent à 85mm (dans la pratique, 75-80) ; les 6x7 à 92mm (90-105) et les 6x9 à 108mm (105-110).
A propos des objectifs TTArtisan et Leica
Le TTArtisan 28mm et le Leica 35mm ne sont pas originellement et mécaniquement conçus pour couvrir la projection circulaire parfaite, à hauteur du plan film ou du capteur, d'une image dont le diamètre serait de 54,8mm. Cette même surface dans laquelle viendrait se former une image rectangulaire parfaite de type moyen format.
Et, quand bien même la focalisation d'un sujet placé à l'infini s'opérerait correctement, il est à prendre en compte que la couverture (surface) s’avérerait physiquement insuffisante. Avec pour résultat, un +/- fort vignetage, et, pour effet, des coins d'images plus ou moins assombris.
Inversement...
Que penser des objectifs initialisation conçus pour des formats de pellicules ou de capteurs de plus grande taille (6x6, 6x7, etc.) montés sur des appareils équipés de capteurs Micro 4/3, APS-C, Full Frame ou moyen format modernes ? Partant du postulat que, ce qui peut le plus peut le moins, hors taille plus imposante, il est intéressant d'utiliser de grosses et longues optiques sur des appareils nécessitant des lentilles développées pour leur propre taille de capteur. Hors poids et encombrement, les objectifs à larges lentilles procurent nettement moins de vignetage que d'autres équipements (calculés au "plus juste"). La projection de l'image se formant dans un cercle plus grand, le résultat s'inscrira avantageusement au plan capteur, sans déformation de l'image non plus et avec un gain (théorique, pas toujours pratique) de luminosité lié à l'augmentation du diamètre des groupes optiques (taille des verres).
Plus risqué, mais intéressant en terme de réduction de focale !
Placer un 28 ou un 35mm sur un grand capteur moyen format digital, à condition qu'il existe une possibilité mécanique de le réaliser (rapprochement optique vers le capteur) offre l'avantage d'une diminution de la distance focale (et, donc, de la longueur de la focale).
Ainsi...
Au même titre qu'un 50mm destiné au FF offrira une focale de 39mm (50 divisé par 1,27) sur un GFX, un 28mm verra ses performances diminuées à 22mm. Le 35mm se retrouvera réduit à 28mm, quant à lui !
TTArtisan 28mm f-5.6 et son adaptateur "en creux" dédié aux équipements Fujifilm GFX (M-GFX) - Comme bon nombre de Fujifilm, le GFX autorise la prise de vues sous plusieurs types de formats de photos plus ou moins hauts/larges, en ce compris le 24x36...
Leica Summacron 35mm f-3.5 (L39) vissé sur une platine à monture M42-GFX... La plaque comprend une vis de réduction M42-L39 plus une entretoise en plastique de 1mm d’épaisseur ; élément formé à partir d'un flanc de récipient de lessive liquide... NB : la rondelle (bleue) plate permet, ainsi, un rattrapage et une mise au point correcte sur l'infini (... et, un peu, au-delà)
1. à 3./ Montage du TTArtisan sur un GFX 50s
4. à 7./ Ajustage du Leica 35mm f-3.5 sur le GFX
8./ Entretoise à épaulement (collerette) usinée "maison" + un des deux O'ring servant à freiner/bloquer la bague de diaphragme. Le montage final permet une meilleure préhension/manipulation pour une parfaite mise au point
9. et +./ Détails relatifs à la mise en place d'un pare-soleil réalisé à partir d'un équipement prévu pour un filet avant d'objectif de 40,5mm. En N&B, des vues relatives à l'usinage et à la pose de la "rondelle" dérivée d'un tuyaux PVC gris de plomberie d'un diamètre extérieur de 40mm... et possibilités d'adaptation pour objectifs à monture Leica M (document dixio.com)
PS : les deux dernières photos... La rondelle bleue du projet (test) et les 3 rondelles plates en acier placées de façon définitive au pied du Leica (diamètre 40/50mm pour 0,3mm d'épaisseur) entre l'adaptateur (platine) et le réducteur M42-L39 interne/masqué. NB : 1 à 2 rondelles additionnelles permettraient un réglage sur l'infini ; dispositif de blocage de ce fait parfaitement en place (fin de course) / rondelles rares à la vente mais toutefois dispo sur Aliexpress, à +/- 1€/pc
1. & 2./ TTArtisan : photos réalisées au format 1:1 (carré, de type 6x6), MAP réglée sur l'infini (ouverture f-11). On remarque une bonne homogénéité (rendu) au niveau de l'exposition et une presque totale absence de vignetage dans le format carré, ce qui n'est pas le cas, à toutes les ouvertures de diaphragme, pour du format 4:3. L'effet grand angle (équivalent 22mm en 24x36) est très prononcé, sans se révéler trop déformant.
3. à 5./ Leica 35mm f-3.5 : au regard du TTArtisan, le Leica se montre moins homogène au centre et précis en périphérie de l'image. La couverture angulaire se révèle d'avantage exempte de vignetage que l'optique chinoise, cela, dans tous les modes de formats d'images autorisés par le GFX 50s...
Leica 35mm f-3.5 (ouverture f-8.0/11 ; 160 iso) sur GFX 50s ; sujet photographié à 300 mètres, par temps particulièrement lumineux et détails à 300% du même cliché...
Tarif (2023-24)...
Il y a peu, proposé lors de sa sortie à 300€ (2023), l'objectif TTArtisan 28mm f-5.6 est vendu à présent, aux alentours de 400€ - Son ancêtre ("original", "équivalent"), le Leica Summaron-M 28mm f-5.6, à +/- 2.600-3.000€
L'adaptateur TTArtisant M-GFX est vendu 57€ sur Amazon (2023)
D'occasion, le Leica 35mm f-3.5, selon son état de conservation, se négocie entre 300 et 600€ sur Ebay (2024)
L'adaptateur (platine) M42-GFX et sa bague M42-L39 valent, tous deux, +/- 15€ sur Aliexpress (2024)
1./ Fiche et tarif : Summaron-M 28mm f-5.6
2. & 3./ Tarif et données techniques TTArtisan 28mm f-5.6 (NB : laiton anodisé et non "cuivre chromé" à considérer) - Vidéo Youtube, ICI - Eric Gibaud en parle, ICI
QUESTIONNEMENT
Pourquoi utiliser ce type d'objectifs à courtes focales sur des équipements modernes mirrorless 24x36 ou moyen format ?
De prime abord, il pourrait sembler stupide, contre productif, de vouloir brider, de déformer ses clichés, et de se priver de la "perfection moderne", sachant qu'il existe un éventail d'optiques
neuves et d'occasion performantes capables de répondre à toutes les situations photographiques, cela, sans même se ruiner dans l'aventure. Question de nostalgie, de rendu, de vibration et de
style sans doute. Tel en est-il indéniablement pour le microsillon vinyle par rapport aux CD ou MP3, d'un point de vue des harmoniques (ICI)...
Photo de rue rimerait-elle avec discrétion et usage d'un matériel "dépassé", peu encombrant, voire désuet à certains égards ?
Il est une discipline photo qui implique d'être discret, de se mouvoir léger au niveau de matériel embarqué, et, non nécessairement "polyvalent" au point de vue des optiques fixées sur le boitier (zoom).
La photographie de rue tente de retranscrire en image le quotidien des gens et leur évolution, en extérieur, dans le milieu urbain, commercial, industriel, etc.
Ce photojournalisme "de rue" n'a rien de posé ou si peu et assurément n'est-il point planifié. Dans cet art, pas besoin de studio ou de sources lumineuses "extérieures", d'appoint et d'artifices.
Cet art de "capturer le bon instant" n'a rien de commun avec la prise d'une pose en studio, même si, parfois...
Cerner et affiner son regard, sa vision "des choses", nécessite en plus d'une bonne maîtrise technique (matériel/théorie photo) d'être au bon endroit, au bon moment ET parfaitement réactif à l'égard d'un sujet (modèle) toujours fugace et imprévisible.
Une photo de rue réussie a pour elle d'être unique et de représenter pour son auteur un plaisir, une satisfaction telle qu'une performance physique de haut niveau peu atteindre (notion d'exploit).
Toujours est-il que deux possibilités, seulement, de réussite s'offrent au photographe de rue : attendre que l'image se révèle (point de vue statique) ou aller au devant de l'événement (en chasse).
Au final, une photo de rue n'a jamais besoin d'être légendée, car, réussie, elle raconte généralement "une belle histoire" qui se suffit à elle-même.
Cartier-Bresson, un des maîtres en matière de photos de rue, disait que seul comptait "l'instant décisif"...
Conseils pour qui désirerait se lancer dans l'aventure de la photo de rue...
La réussite d'une séance photos liée à un reportage de rue reposera pour beaucoup sur la volonté du photographe de vouloir rentrer chez lui, riche "de bonnes choses" ; mais aussi, avant cela, d'être parti "au feu" en ayant veillé à son confort, à sa sécurité, afin de mettre toutes les chances de son côté.
A ces fins, on portera une attention particulière au plan de :
- L'agilité (de l'habit, jusque dans les moyens de transport : adaptés, "fonctionnels")
- Du matériel peu ou pas trop "voyant", onéreux (risque de perte, vol, dégâts, intempéries, etc.)
- De la bonne maîtrise théorique de la photo et de l'appareil ; si besoin est, un mode d'emploi, résumé, sera toujours emporté sous forme de pense-bête
- De la législation (spécifique, pouvant être déclamée, si le besoin devait s'en faire sentir)
- D'audace (quelque peu marquée, sans toutefois être effrontée, ou "voyeuse"...)
- De discrétion (sans se révéler "couillonne", infantile ou maladroite)
- De patience (sans verser dans une obstination "à tout prix" pouvant entrainer découragement, voire dégout)
- De cerner, de s'approprier l'endroit ciblé (reconnaissance)
- De connaissance de la météo et de l'ensoleillement (ou non) des lieux, infrastructures, locaux, etc.
- De respect, d'humour et d'une certaine affection portée à l'égard des personnes "ciblées", sans pour cela verser dans du/un "peace and love" inapproprié/inadapté
- D'inspiration copiée/empruntée à des grands noms de la photo... : acquis garantissant de partir sur le terrain dans quelque chose d'aventureux mais maîtrisé, dans un monde réel semblable à du "déjà vu mémoriel", dans une expérience qui ne pourra qu'être fructueuse, car intimement motivée d'un point de vue mental. Au final, avec pour résultat un ressenti et une satisfaction d'avoir réalisé une "bonne pêche" ou une bonne récolte (série) d'images uniques... de laquelle on pourra peut-être dégager, rentré chez soi, "LA photo" de sa vie.
2H47 de conseils à propos de la photo de rue : https://www.youtube.com/watch?v=6thCQxze0AA
Equipé d'un Leica Summaron-M 28mm f-5.6 fixé sur un GFX 100 II, David Ken (ICI) nous prodigue ses astuces en matière de photos de rue dans Paris : https://www.youtube.com/watch?v=wHooYFkKAlk - Et, plus : https://www.youtube.com/watch?v=fOOVFDdTxnM